En décembre 1905, la France adoptait une loi fondamentale : la loi de séparation des Églises et de l’État. Cent vingt ans plus tard, ce pilier républicain est toujours d’actualité. Cependant, malgré son importance, il est souvent mal compris voire instrumentalisé. C’est justement pour cette raison qu’il occupe aujourd’hui une place centrale dans un nouveau podcast intitulé « Libres ensemble : 120 ans de laïcité ».

Réalisé par Pop’ Média et initié par Maurice Berthiau, vice-président de la Fédération des Amicales Laïques (FAL) de Loire-Atlantique et président de l’association 1905 et plus… désormais dissoute. Ce projet propose une exploration inédite de la laïcité à travers les témoignages variés de ceux qui la vivent au quotidien, qu’ils soient croyants ou non. Pour en connaitre davantage sur la genèse et l’objectif de ce projet, nous lui avons posé nos questions.

Comment est né ce projet de podcast sur la laïcité ?

Les 120 ans de la loi de 1905 vont être un moment où beaucoup de personnes se mobilisent pour parler de laïcité. Assez curieusement beaucoup plus que pour le centenaire en 2005 où Nantes avait été une des rares villes de France à organiser un grand événement. 

C’est donc dans ce cadre qu’est née l’idée du podcast. Plutôt qu’une sempiternelle table ronde débat avec des invités parisiens, c’est avec des nantais que ce podcast a été conçu. 

Le podcast est un outil puissant qui peut servir de support à des débats très proches des gens, dans des cafés, dans des centres sociaux, … voire chez des voisins. Pour répandre les idées c’est un outil formidable !

Quel est le message principal que tu souhaites faire passer à travers le podcast « Libres ensemble, 120 ans de laïcité ? »

La laïcité n’est pas la religion de ceux qui n’en n’ont pas, mais au contraire la liberté d’en avoir une ou de pas en avoir, d’en changer si on le souhaite.

À qui s’adresse ce podcast ?

La cible principale est un public plutôt jeune à qui l’on ne sait plus enseigner ce qu’est la laïcité. Ce sont les dernières paroles du podcast qui me semblent bien résumer cela :  » tout le monde emprunte la même route, mais il faut connaître le code pour éviter le désordre … « 

« La laïcité n’est pas la religion de ceux qui n’en ont pas, mais la liberté d’en avoir une, ou de ne pas en avoir. »

En quoi ce podcast peut-il aider les personnes et en particulier les plus jeunes à mieux comprendre ce qu’est véritablement la laïcité et ce qu’elle leur permet ?

Chaque courant religieux ou de pensée s’exprime dans le podcast et donc chaque auditeur peut s’identifier et se reconnaître dans cette diversité. C’est cela la richesse de la laïcité et cela transparaît bien dans le podcast. 

Peux-tu nous en dire davantage sur l’association 1905 et plus… que vous avez fondée ? Quel était son but et quel rôle a-t-elle joué dans la valorisation de la laïcité ?

Je suis issu des milieux libre penseurs et républicains. Pour moi, cette loi de 1905 est un des piliers de la République et il fallait célébrer dignement son centenaire. Mes camarades se mobilisaient pour faire un débat militant ce qui ne me convenait pas car pour moi plutôt qu’une loi d’exclusion, c’est une loi de rassemblement.

J’ai donc demandé à mes amis Octave Cestor et Elhadi Azzi de m’aider à rassembler des personnes représentant les différents courants de pensée religieux et philosophiques. 

C’étaient des personnes qui bénéficiaient officieusement de l’aval des hiérarchies religieuses, mais sans pouvoir les engager officiellement. Nous sommes ici dans un domaine sensible ou le dialogue est difficile. 

Mais le soir du 9 décembre 2005, nous avions dans la salle ou sur scène outre le maire de Nantes et le Préfet, Pierre Joxe pour les protestants, l’évêque de Nantes, l’imam de Marseille, le rabbin de Rennes, le président de la Ligue de l’Enseignement et le Grand Maître du Grand Orient de France. Difficile de faire plus consensuel ! La grande salle du Lieu Unique était archi comble et nous aurions pu la remplir deux fois avec les personnes qui sont restées à la porte ! Quasiment du jamais vu à Nantes. 

En tant que personne impliquée dans la laïcité, que signifie la loi de 1905 pour toi aujourd’hui ?

Depuis 2005, j’ai beaucoup travaillé sur la laïcité et en particulier sur cette fausse idée qu’elle serait franco-française. C’est un concept universel qui est une aspiration de bien des peuples. Nous nous sommes focalisés sur la loi qui, effectivement est française et en tant que telle ne peut s’appliquer ailleurs, mais les principes qui là sous-tendent sont universels et sont magnifiquement exprimés dans cette loi d’équilibre : 

Article 1 : La République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes, sous la seule contrainte du respect des lois communes. 

Article 2 : La République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte. 

Peut-on faire plus sobre pour concrétiser les idéaux de liberté et d’égalité ?